vendredi 27 juin 2014

TERRAIN VAGUE


"Terrain vague" est une oeuvre tardive du grand Marcel Carné qui malgré des défauts de scénario vaut pour sa valeur documentaire, son souci de capter une jeunesse jamais encore filmée, celle des grands ensembles de la banlieue parisienne du début des années soixante. Film sur une bande et ses codes juvéniles, sorte de "Fureur de vivre" à la française sans la grâce de la modernité américaine, on y croise des acteurs, attendrissants ou singuliers, castés avec le goût très sûr de Carné pour les ravissants jeunes premiers et dont hélas aucun n'a fait vraiment une carrière significative. Le film fut un échec commercial et critique, décrié pour ses maladresses d'écriture et sa facture obsolète alors qu'il a le mérite de saisir l'ennui et la révolte stérile des loubards. Malgré une histoire mal ficelée et un manque de naturel dans le jeu des adolescents on y trouve de jolies scènes pleines d'ambigüité ou teintées de cette poésie néo-réaliste qui a fait les grandes heures de Marcel Carné et du cinéma français. 

Libération
« Son film de blousons noirs tirant sur le rose m’a atterré, agacé et exaspéré. C’est du cinéma dépassé qu’il nous a fait. Tiré au cordeau comme d’habitude, et admirablement photographié (…). Le titre du film résume d’ailleurs mon opinion : ce film n’est qu’un terrain vague où nous errons sans but et avec ennui, parmi de vieilles pierres, de la ferraille rouillée, de vieux bouts de ficelles, paysage morne et désolé, image d’un cinéma défunt. »
Jeander, 14.11.1960





























samedi 7 juin 2014

OPIUM ou Cocteau par Dombasle


A la faveur d'un festival à Buenos-Aires, je vois enfin ce film qui est un bel album illustré et musical sur l'univers de Cocteau dans les années 20.  
Bénéficiant de la magie visuelle et de la richesse poétique qui abondent quant on touche à la galaxie de Cocteau, cette création éclectique qui tient du collage, de l'onirisme ne manque pas de charme… Esthétiquement très beau et proche de l'artisanat de luxe propre à Cocteau, on est transporté dans des jeux de miroirs qui peuvent facilement enchanter. 


Mais hélas, on peut faire aussi une liste de reproches à cette production qui cumule tous les défauts que les ennemis de Cocteau lui reprochaient : mondanité parisienne du casting, funambulisme bohème de la réalisation sans vraie ligne directrice, art de caméléon dans les reconstitutions de lieux emblématiques, mensonges et approximations dans les faits biographiques et artistiques, goût de la parade et feux d'artifice des citations d'oeuvres et de personnalités etc.. 


Finalement on reste à la surface d'un poète qui n'en ressort pas grandi, englué dans la léthargie opiomane à laquelle il est souvent réduit à l'écran. On ne recueille de son oeuvre que la crème ou le gratin ! Dombasle qui n'a surement pas conçu grand chose dans un film dont elle ne co-signe que le scénario, sert de figure de proue (hélas chantante) à cette galère chic et frivole. Dommage, il y avait aussi de belles choses dans ce patchwork et malgré toutes mes réticences et mes exaspérations,  sous les plumes du paon dont tout ce staff s'était grimé, on devinait quelquefois avec émotion la crête noir de geai de Jean l'oiseleur

vendredi 6 juin 2014

PATRIOTAS


Ce jeune matelot argentin nous invite à mettre le cap vers sa patrie lointaine où l'on célébre les jeunes soldats patriotes de la république, sous un ciel bleu de dimanche démocratique. Ils sont beaux les officiers et recrues quand ils ne font pas la guerre. Ils sont tendres et un peu rêveurs quand ils oublient la violence des combats auxquels ils se sont préparés. 

Photographies Sébastien Paul Lucien