mercredi 31 août 2011

BELLE DE JOUR




On pourrait disserter longuement sur cette Emma Bovary tendance SM, sur la satire du mariage bourgeois et les élucubrations de Buñuel sur la psychê féminine... Belle de jour retient surtout mon attention comme un brillant exercice de style cinématographique sur les rapports d'un réalisateur avec ses acteurs et sur le statut d'actrice en particulier. Objet de désir et de manipulation constante, le corps de l'actrice est offert et sacrifié à l'oeil pervers du réalisateur et du même coup à celui du spectateur plus voyeur que jamais.


C'est par la corruption, la souillure, la maltraitance et l'humiliation - fictives certes,mais simulées mais avec une gravité absolue- que le visage et la chair d'une actrice accèdent au statut d'icone cinématographique, à l'immaculée adoration. Sèverine -Deneuve aura beau être prostituée, bafouée, fouettée, violée,traînée dans la boue... elle n'est jamais ressortie aussi grande et aussi sublime d'un film. Plus rayonnante et impeccable à force de profanation. Le grand prêtre de cette transmutation de la vierge à la pute et de la pute à la sainte c'est le démon érotique qui la pousse à accomplir son destin et a les traits du sulfureux Pierre Clémenti.






Buñuel nous démontre une fois de plus, en jouant depuis "Le chien andalou" avec les codes du principe de réalité et celui des fantasmes, que dans tout processus "religieux" (le mariage, la sexualité, l'art) il faut immoler et détruire l'objet du culte pour espérer le rendre sacré et éternel.




1 commentaire:

Javier a dit…

Avec ce film, j'ai une anecdote curieuse, je suis allé au cinéma avec mon cousin, je suis parti content, il me rappelle toujours, je soupçonne qu'il n'aimait pas.