lundi 20 septembre 2010

PLAN B


Film argentin de Marco Berger "Plan B" est à sa manière une relecture de " Les liaisons dangereuses" dont seraient exclus les femmes et le luxe ( deux manières fondamentales d'embellir l'existence).

Tourné dans les appartements bohèmes et sur les terrasses ouvertes sur l'horizon des tours d'une Buenos-Aires crépusculaire, ce film narre aussi le crépuscule des machos, leurs incertitudes et atermoiements quant à leur manière de vivre leurs affects et de se confronter aux mutations de leur destin sentimental. Séduire le nouveau fiancé de son ex-petite copine pour briser leur couple et récupérer la donzelle, tel est le plan B du protagoniste. Un plan foireux qui se retourne contre lui. Le fiancé en question est un garçon charmant, trop, et se révèle un super copain dans une relation affective qui va de plus en plus flirter avec un au delà du désir jamais envisagé.


La métamorphose du cynisme en amour est une opération passionnante à décrire. Le réalisateur sait créer une tension nerveuse et érotique incroyable qui traduit et transmet à la perfection les sensations de vertige et les accès de résistance qui secouent l'amoureux en lutte avec ses préjugés. La simplicité et l'émotion du jeu des deux acteurs sont confondantes d'authencité.



Ces deux mecs sont comme les édifices qui se dressent dans les plans intermédiaires avec lesquels le réalisateur ponctue sa narration pleine de retenue: des blocs érigés dans leurs certitudes qui tremblent et frémissent sous un ciel nouveau.


La photographie impeccable de certains plans fixes capte l'intimité virile et la camaraderie ambigüe des corps avec une pudeur encore peu vue au cinéma. Les corps sont tout au bord de la caméra comme au bord d'un abîme: la distance qu'il manque pour le contact est celle de la frontière établie entre les sexes et leur rapports. Tout est frolements, valse d'hésitations, jeux de transgressions chargés de signifiance. "Los flacos" sont révélés comme de petits garçons attardés dans des désirs inavouables et dans le rêve d'une amitié totale, celles où l'on partagerait tous "ses jouets", ou encore le neverland de Peter Pan ou nul n'atterrit jamais. La fragilité des mecs et la répression morale qui la masque et la nie, sont ici mises à nue.


Film intelligent et tendre, magistralement conçu et conduit, traversé d'émotions et de coups de poings au coeur jusqu'à la dernière image, il fait aimer avec enthousiasme le cinéma nuevo, l'Argentine, la vie moderne, l'amour enfin, avec tous ses plans B imaginables et apparamment impossibles.

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