lundi 31 mai 2010

VIVANT POEME


Grâce à un nouvel ami virtuel (merci François L.), je découvre des photographies inédites de Barbara.
Moi qui croyais m'être lavé les yeux des mêmes images d'elle depuis des années, voir surgir soudain des portraits aussi magnifiques que ceux-ci ,c'est comme si elle était vivante et qu'elle posât dans un autre jardin, un autre Précy paradis.

Ce doit être le printemps
dans le jardin jardin de Précy...
oh Précy... jardin!

CHANSON:
http://www.youtube.com/watch?v=RmbGKBWN7cg











FRAGMENTS HELLENIQUES


A la faveur de la lecture de "La couronne et la lyre" magnifique anthologie de poésies grecques allant du VIIéme siècle avant notre ère jusqu'à l'époque byzantine, traduite et préfacée par Marguerite Yourcenar, je livre ici les fragments de vers outragés par le temps ou l'oubli qui méritent pourtant cette part d'éternité que notre lecture seule peut prétendre leur restituer.
Ainsi en est-il d'un certain Ybicos de Rhégium, célébré en son temps (-600AvJC) comme le poète de l'amour et dont on n'a conservé que quelques bouts de phrases isolées et citées par d'autres auteurs.


"Les yeux noirs de l'amour couchés sous leurs longs cils

T'ont de nouveau conquis, coeur au fait des périls,

Des hontes, des travaux, coeur épuisé, coeur triste,

Et comme un vieux cheval qu'on ramène à la piste,

Tremblant de tout ton corps aux signes du danger,

Tu frémis des chemins où tu vas t'engager..."

jeudi 27 mai 2010

UN VISAGE STENDHALIEN

La fascinante expressivité d'un acteur qui donne une idée de ce qu'est la grâce et l'idéal romantique perdu.






Gérard Philippe dans "La chartreuse de Parme" de Christian Jacques inspirée de l'oeuvre de Stendhal.

lundi 24 mai 2010

Κωνσταντίνος Πέτρου Καβάφης


« L'un des plus grands, le plus subtil en tout cas, le plus neuf peut-être, le plus nourri pourtant de l'inépuisable substance du passé.» Yourcenar qui l'a traduit et préfacé dans une édition aujourd'hui épuisée, parle ainsi de Constantin Cavafy.
Grec de Constantinople et surtout d'Alexandrie, poète de l'ombre à l'oeuvre aussi minimale que rayonnante (environ 150 poèmes jamais vraiment publiés de son vivant, sans cesse retravaillés et diffusés sur feuilles volantes dans de rares revues ou auprès d'amis), il est comme Baudelaire ou Pessoa un artiste de l'intranquilité, du spleen et de la nostalgie sensuelle. Cavafy, écrivain du mythe et mythe d'écrivain, pour lequel l'hellénisme est la foi en une sagesse éternelle exprimée dans la langue des dieux, le grec, hérité d'Homère et irrigué par des siècles de barbarisme aux charmes progressivement adoptés.



On peut savourer son art sans le trop écrasant apparat critique qui l'accompagne et relie chaque nom et chaque allusion à l'histoire d'Athènes ou de Byzance. Celui-ci cependant ouvre le lecteur à une intertexualité érudite et fascinante. Les références minutieuses où s'ensevelissent les vers de Cavafy sont comme des gangues qui cachent la beauté précieuse d'images intactes depuis l'antiquité: la grâce juvénile des corps fixés hors du temps par le regard du poète, le frisson d'une extase illuminant une nuit secrète, l'ardeur inexpugnable d'un désir combattu en vain. Les jeunes kouroi qui traversent cette oeuvre, qu'ils sortent d'une rangée de mercenaires spartiates ou d'un garage des faubourgs d'Alexandrie, laissent un sillage lumineux dans cette nuit obscure où s'écrivit l'oeuvre de Constantin.


Son culte de la clandestinité et d'une mélancolie orientale qui rend sa poésie définitivement "rétrospective", souvent manièriste et affectée, peut fatiguer les esprits les plus avant-gardistes. Mais ce serait ne pas saisir qu'en se penchant au bord de ce puits d'oubli qu'est la poèsie grecque ancienne afin d'y pêcher une inspiration nouvelle, et en choisissant de revitaliser la langue grecque aux sources mêmes que l'on croyait taries, Cavafy fait preuve d'une attitude précisement moderne. La modernité ayant toujours consisté à débusquer dans les formes triviales du présent ( les bars et chambres d'Alexandrie?) les données constantes de l'âme humaine, ses turpitudes, ses moments de gloire, sa vulnérabilité et sa grandeur.



" Je me prends à rêver Désirs et sensations
voilà mon apport à l'Art- choses à peines entrevues.
visages ou profils; quelques vagues souvenirs
d'amours inachevées. Je m'abandonne à lui.
Il sait reconstituer la Figure du Beau;
en complétant la vie presque insensiblement,
en reliant les impressions, en rapprochant les jours."


MON APPORT A L'ART in "En attendant les barbares" trad. Dominique Grandmont

"Ce qui a compté pour lui, c'est une certaine heure, un certain jour, d'une certaine année 1909, 1911 ou 1912, un certain moment d'amour ou de plaisir inoublié."
Marguerite Yourcenar Les yeux ouverts, Paris, Le Centurion, 1980, p.193

EXTRAIT DU FILM GREC KAVAFIS:
http://www.youtube.com/watch?v=zSkEVTPj84s&feature=related


vendredi 21 mai 2010

UN CYGNE EN AUTOMNE





Du portrait
"Il y a deux manières de comprendre le portrait, - l'histoire et le roman.
L'une est de rendre fidèlement, sévèrement, minutieusement, le contour et le modelé, ce qui n'exclut pas l'idéalisation, qui consistera pour les naturalistes éclairés à choisir l'attitude la plus caractéristique, celle qui exprime le mieux les habitudes de l'esprit ; en outre de savoir donner à chaque détail important une exagération raisonnable, de mettre en lumière tout ce qui est naturellement saillant, accentué et principal, et de négliger ou de fondre dans l'ensemble tout ce qui est insignifiant, ou qui est l'effet d'une dégradation accidentelle. (…)
La seconde méthode, celle particulière aux coloristes, est de faire du portrait un tableau, un poème avec ses accessoires, plein d'espace et de rêverie
."
"Écrits esthétiques" BAUDELAIRE



PLUS DE PHOTOS SUR: http://www.saintsebastien.blogspot.com/

mardi 18 mai 2010

LA TRAME D'UNE VIE



"Certains sujets sont dans l'air du temps, ils sont aussi dans la trame d'une vie."

Ainsi Marguerite Yourcenar nous prévient-elle dans la préface de "Alexis ou le traité du vain combat" que son sujet, exploité par Gide et ses successeurs, et qui touche à la question de "la liberté sensuelle" est davantage "un problème de liberté d'expression" qui nous renvoie aussi à la trame du discours.

Lue dans mon adolescence, la lettre-confession de cet Alexis, magnifique "portrait d'une voix" m'avait séduit par son propos et ses vertus libératrices quant à ce fameux "secret physiologique" auquel peut parfois se réduire une vie. Aujourd'hui, ce récit me trouble tout autant par la forme qu'y prend le discours que par son contenu même.




La haute tenue du style de Yourcenar pour faire parler son Alexis est une marque de grande élégance morale et un repli dans les draperies d'une pudeur sans puritanisme. Le refus de l'auteur et donc du narrateur de nommer pécisemment son désir et les actes qui en découlent, d'utiliser ces "mots-étiquettes" et de livrer des anecdoctes salaces, est tout d'abord compris comme une marque de délicatesse à l'endroit de la narrataire et réceptrice de cette confession, la jeune épouse délaissée Monique à la candeur maternelle qu'on ne saurait outrager.

Mais il est aussi une stratégie de persuasion et de perturbation, celle de dire le moins pour suggérer le plus. Rien de mieux que le non-dit pour corrompre l'imagination du lecteur, on le sait depuis Racine. Bien qu'elle souligne dans sa préface qu'elle doit moins à Gide qu'à Rilke dans son inspiration alexinienne, Marguerite Yourcenar se glisse dans l'écriture hyper-classique que l'auteur de "La porte étroite" a su remettre dans l'air du temps de ces années 20. Euphémismes, litotes, art de la suggestion, ruses de la préterition, abus de non-dits et de silences... toute la finesse de l'allusif Alexis tient en ces figures de l'esquive, du contournement, de l'affleurement plein de retenue mais où l'on sent palpiter la pulsion ardente de la transgression.


Si cette transgression est effective dans le domaine des sens, elle demeure en suspension dans celui du langage et c'est au-dessus de certaines lacunes textuelles et d'ellipses vertigineuses qu'elle fait frissoner le plus.

"Je ne décrirai pas la recherche hallucinée du plaisir, les déconvenues possibles, l’amertume d’une humiliation morale bien pire qu’après la faute, lorsque aucun apaisement ne vient la compenser. Je passe sur le somnambulisme du désir, la brusque résolution qui balaie toutes les autres, l’alacrité d’une chair qui, enfin, n’obéit plus qu’à elle-même. Nous décrivons souvent le bonheur d’une âme qui se débarrasserait de son corps : il y a des moments, dans la vie, où le corps se débarrasse de l’âme."

La première rencontre érotique, longuement différée par les cinquante premières pages et qui pourrait constituer le moment-clef de toute confession, est en fait un scandaleux moment de stratégie narrative de la part d'Alexis. Scandale au sens étymologique de skándalon en grec ancien :« piège placé sur le chemin pour faire trébucher ». Rien ne nous est livré sinon une formule pleine de lyrisme affecté et d'impersonnalité pratique:

"Ce n'était pas ma faute si ce matin-là, je rencontrai la beauté..."



Pas même les points de suspension ne nous sont épargnés! Si le jeune Alexis en ce matin de fatalité trébucha sur son destin sexuel et chuta sur l'allégorie de la beauté, le lecteur lui, derrière la pauvre Monique, trébuche sur ses propres attentes déçues et tombe dans le panneau d'une béance textuelle qui est comme la bouche des enfers où rampent tous nos fantasmes.
Quelle est cette beauté rencontrée comme au carrefour des routes du bien et du mal?
Alexis ouvre une piste en parlant dans la page précedente, des tziganes qu'il croisait dans la campagne voisine. Nous sommes en territoire bohème, et le gitan est l'incarnation parfaite de l'Eros d'Alexis: la marginalité, l'errance, la pauvreté, l'ostracisme, la violence, le danger et, ne le négligeons pas, la musique.
Dans cette oeuvre composée comme une sonate et jouée "moderato cantabile", la part faite au silence et à la musique est essentielle.
"J'avais réduit mon âme à une seule mélodie plaintive et monotone; j'avais fait de ma vie du silence, où ne devait monter qu'un psaume."




Quoi de mieux en effet que la musique pour" traduire un trouble"? La scène finale tient lieu de soudain épanchement personnel, non dans le langage, cet instrument étriqué et trompeur, mais dans l'interprétation au piano d'une symphonie pastorale des sens et de l'âme.
"Il m'a toujours semblé que la musique ne devrait être que le trop plein d'un grand silence."
Déchirement du gris, sortie du flou, épiphanie d'un aveu qui n'ose dire son nom, incantation au trouble... Alexis est tout cela à la fois avec son "écriture à voix basse" dont le finale triomphant se joue pourtant en sourdine.


lundi 17 mai 2010

LA PRINCESSE DE CLEVES


"La magnificence et la galanterie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernières années du règne de Henri second."



"Jamais cour n'a eu tant de belles personnes et d'hommes admirablement bien faits ; et il semblait que la nature eût pris plaisir à placer ce qu'elle donne de plus beau, dans les plus grandes princesses et dans les plus grands princes."





"Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l'on doit croire que c'était une beauté parfaite, puisqu'elle donna de l'admiration dans un lieu où l'on était si accoutumé à voir de belles personnes."



Extraits de "La princesse de Clèves" Madame de la Fayette
Photos tirés du film de Jean Delannoy avec Marina Vlady, Jean Marais et Jean-François Poron


Une scène esentielle du film http://www.youtube.com/watch?v=ajyByPzn-Mc

samedi 15 mai 2010

DANS LE SILLAGE DU MARIN


Je préfère les marins de Cocteau dans le livre blanc, ou ceux de Jaques Demy qui passent en arrière-plan dans les rues de Nantes, Rochefort, Cherbourg... que le marin Querelle de Genet dont Fassbinder a fait une icone un peu facile et racoleuse.
Buenos-Aires étant un port on pourrait rêver d'y croiser fréquemment ces figures maritimes aux beaux uniformes et aux charmants pompons... Comme il n'en est rien, j'ai décidé d'en faire sortir un de ma casquette de capitaine Ad Hoc! et le voilà, dans les rues de la Boca qui cherche un embarcadère...



Occasion de poser ici un de mes poèmes préférés, celui du rioplatense et français Jules Supervielle.


"Serai-je un jour celui qui lui-même mena
Ses scrupules mûrir aux tropicales plages ?
Je sais une tristesse à l'odeur d'ananas
Qui vaut mieux qu'un bonheur ignorant les voyages.

L'Amérique a donné son murmure à mon coeur
Encore surveillé par l'enfance aux entraves
Prudentes, je ne puis adorer une ardeur
Sans y mêler l'amour de mangues et goyaves.

N'était la France où sont les sources et les fleurs
J'aurais vécu là-bas le plus clair de ma vie
Où sous un ciel toujours vif et navigateur
Je caressais les joncs de mes Patagonies.

Je ne voudrais plus voir le soleil de profil
Mais le chef couronné de plumes radieuses,
La distance m'entraîne en son mouvant exil
Et rien n'embrase tant que ses caresses creuses."


Jules Supervielle (1884-1960), Débarcadères




pPlus de photos sur: www.saintsebastien.blogspot.com

mardi 11 mai 2010

300 COULEURS



300 messages ici-bas! Cela fait beaucoup pour les happy few qui les lisent au passage! Un grand MERCI aux visiteurs éphémères de ce blog qui révèle les couleurs et les demi-teintes de mes humeurs et de mes goûts (ou rares dégoûts).
Continuerai-je longtemps à mettre en vitrine mes petits plaisirs? Oui, si cela permet de les partager et offre à de lointains lecteurs ( dans leur petite majorité ils n'habitent pas sous le même ciel que moi) le soin d'accompagner mes états d'âme et mes couleurs du temps.

"Couleurs du temps? Mais de quel temps?
-Mais le beau temps évidemment!"


PHOTOS de Cristina Garcia Rodero et Jacques Demy "Peau d'Âne"

IL A TUE SA MERE



On sait qu'il existe deux types de gens insupportables: les insupportables vraiment insupportables et les insupportables adorables. A quelle catégorie appartient Xavier Dolan? Seul l'avenir proche le dira...
A 20 ans à peine, ce jeune québecquois a écrit et réalisé son premier long-métrage dans lequel il joue le premier rôle :"J'ai tué ma mère". Surprise et succès immédiats dans les festivals du monde entier depuis 2008. Et cette semaine, sortie du second opus "Les amours imaginaires" à Cannes.
J'ai vu hier le premier. Oeuvre adolescente d'un ado sur l'adolescence. C'est plein de vitalité, de fraîcheur, de violence, de jaillissements et l'ensemble est soutenu par une précocité de propos et de style qui ne peuvent que séduire et surprendre agréablement. La recherche d'effets faciles dans le montage et la musique et certaines séquences à la beauté artificielle n'enlèvent rien au lyrisme, à la colère et à la tendresse magnifique dont ce film déborde.


Dolan y raconte simplement les conflits d'un lycéen assez rockn'roll élévé par sa mère un peu dépassée par tout. Des conflits faits de crises, disputes, hystérie et quasi violence domestique. Cela donne des scènes fortes jouées avec un réalisme impeccable et cousues de dialogues virulents dont la plupart m'échappent ou me font rire à contre-temps à cause "d'un accent canadien-là à couper au couteau t'sais."
La grande question du jeune héros de cette apparente autofiction cinématographique est : " quand est-ce que je ne vais plus vivre sous le même toit que ma mère?" préoccupation capitale pour un ado qui préfère fumer des pétards chez son petit copain. Il faut préciser que la maman en question vit dans un intérieur ultra-kitsch et ringard qui est une des grandes réussites plastiques et comiques du film. Qui ne voudrait fuir une déco aussi mortellement écoeurante?


Le film, comme coup d'essai, a le charme de ses défauts et peut tout autant amuser qu'irriter. Car il est insupportable ce jeune personnage bi-polaire et arrogant, capricieux et tyrannique avec sa génitrice et il la mérite sa paire de claques... Péremptoire, narcissique, excessif, incohérent, versatile... et malgré tout craquant, le film est tout cela à la fois aussi, à l'image probablement du réalisateur.
Celui-ci a le malheur de commencer trop jeune et avec trop d'éclat sa carrière et risque de mourir dans l'oeuf, sinon dans le ventre de cette oeuvre-mère qui peut le tuer cinématographiquement parlant.

BANDE-ANNONCE : http://www.youtube.com/watch?v=tDa0CkKjfsk


L'AUTRE CIEL


A la faveur de trois jours sur une isla escondida dans le delta du Rio de La Plata, je me mets au vert et à la lecture, comme une parenthèse d'été (indien) dans cet automne aux couleurs de tigre. Entre les ruisseaux et autres îlots de cette zone fluide, on change facilement de territoire, on glisse sur des sols ramollis et on se hasarde sur des ponts de bois mouillés sans savoir vers quoi on avance, ni quelles frontières on traverse. Et c'est ainsi que les miroitements du ciel dans l'eau me renvoient grâce à "la divine analogie" à un conte de Cortazar.


"El otro cielo" est un cuento de l'auteur argentin préféré des adolescents, très emblématique de son art et de ses obsessions. Les motifs du passage et du double y sont reproduits à travers une narration en miroir ayant pour cadre deux passages urbains, la galerie Vivienne à Paris en 1870, et le pasaje Güemes à Buenos-Aires en 1940. Un narrateur dédoublé déambule dans la périphérie de ces corridors du temps que sont ces élégantes rues couvertes où le désir croise la mort, l'insouciance, la guerre, et la réalité, la fiction.


Le glissement d'un cadre spatio-temporel à l'autre s'opère avec une subtilité troublante dans un jeu de syntaxe labyrinthique. Pour mieux évoquer le passage de l'enfance à l'âge mûr, l'auteur joue sur sa double identité rioplatense et parisienne, et invoque le spectre d'un mystérieux sud-américain perdu à Paris, qui s'avère être un écrivain au génie et à la mort précoces, Lautréamont, comte de l'autre monde. C'est brillant et très inspiré, insolite, angoissant, romanesque et efficace, comme du Cortazar.

Et il m'a plu de poser sur les méandres du delta et ses passerelles noires et blanches, le calque d'un conte à l'imaginaire urbain et aux circonvolutions si littéraires.



"Me ocurria a veces que todo se dejaba andar, se ablandaba y cedia terreno, aceptando sin resistencia que se pudiera ir asi de una cosa a otra."

Photos du Delta du Tigre, de la galerie Vivienne à Paris et du pasaje Güemes à Buenos-Aires

jeudi 6 mai 2010

CAPRI EN SEPTEMBRE, C'EST FINI



C'est pour la belle Joann Fontaine qui a la voix veloutée de Delphine Seyrig que je me suis plongé dans "September affair". Filmé en 1951, il offre les pires clichés du regard américain sur une Italie pittoresque et tiers-mondiste où tout italien a quelque chose à vendre au touriste et ne peut s'exprimer qu'en criant... La visite de Napoli, Pompeï, Capri et Florence dans ce noir et blanc hollywoodien a quand même beaucoup de charme.


Le film vaut le détour pour son histoire sentimentale, l'idylle d'un couple qui en se faisant passer pour disparu suite à un vol qu'il a raté, tente de prolonger l'état de grâce trompeur que l'exotisme et l'érotisme conjugués offre parfois à l'existence.



Une sorte de mélodrame doux et automnal comme un mois de septembre dans une villa à Florence qui rappelle l'inégalé "An affair to remember" mais qui hélas finit lamentablement rattrapé par la loi de la résignation et de la bonne morale familiale de l'hypocrite Amérique.
EXTRAIT: http://www.youtube.com/watch?v=4z2YNNR11vM


On se consolera avec la chanson phare de Kurt Weill, une de mes préférées, "September song"...
chantée ici par Ute Lemper: http://www.youtube.com/watch?v=GlEw3uUmPyI


...et le visage lumineux de la tendre Joann.