samedi 24 avril 2010

ECLATS DE CHOCOLAT


"Chocolate" est le titre du dernier album de Maria João et Mario Laginha, le duo portugais d'une musique lusophone aux forts accents de jazz et de worl music. A l'occasion d'un concert à la Trastienda de Buenos-Aires on a pu voir et entendre ce qui fait le caractère unique d'un performance live quand on a affaire à deux grands musiciens qui savent donner à leur interprétation le supplément d'âme attendu par le public.

Liés par une complicité intacte après de longues années de vie de couple puis de concerts, le pianiste et la chanteuse jouent avec une alchimie totale, supendus dans un état de grâce dont le video-clip suivant où on les voit voler au dessus du Tage peut donner une idée:
http://www.youtube.com/watch?v=KAggWL7WuGo
Cette interprétation de "Beatriz" de Chico Buarque est d'ailleurs un des grands moments du récital.


Jamais je n'avais vu une chanteuse déployer à ce niveau de virtuosité toute la gamme des possibilités vocales qui habitent son corps. Elle sait tirer de ses cordes vocales, mais aussi de sa gorge, sa poitrine, son ventre,ses mains... des sons inouis! Vocalises, soupirs, onomatopées, cris, râles qui se tissent et se superposent en un hallucinant exercice de scat.

Petite démostration captivante ici avec le maître Bobby Mac Ferrin:
http://www.youtube.com/watch?v=4boy-eXQBHg&feature=related

Standards de jazz revisités deeply and softly, fados déconstruits pour n'en garder que la plainte savamment modulée, succès de bossa nova sussurés et caressants, chants dialectiques du Mozambique originel qui deviennent des joutes vocales avec elle-même et les voix de vieillard ou de fillette qui la hantent... Maria João est une boîte de Pandore musicale de laquelle débordent toutes les musiques .

Billie, Ella, Blossom, Amalia, Elis, Björk descendent par moments pour chevaucher son corps aux contorsions étranges alors que le piano prodigieux de Laginha accompagne la transe.
De ce chocolat lusophone via le Bresil, la louisiane et l'Afrique, je garderai longtemps la saveur et les effets euphorisants. Maria João, qui attendait depuis des années son tour ( de chant), est entrée définitivement hier soir au panthéon personnel des voix féminines auxquelles je voue un culte pasionné.

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