vendredi 11 décembre 2009

LE VRAI SCANDALE DES AMANTS




"Les amants", de Louis Malle...film à scandale?
On en sourit aujourd'hui. En son temps, le film avait l'audace de présenter une description décomplexée de l'adultère d'une jeune et jolie bourgeoisie qui s'ennuie entre son riche mari et son fringant amant et qui s'enfuit avec le premier venu au petit matin.







Aujourd'hui ce qui provoquerait un scandale, hélas de ridicule pour les esprits trop secs, c'est la tonalité hyper romantique et à l'eau de rose de la séquence nocturne finale, quand les amants en question se promènent dans le parc au clair de lune, dérivent sur l'eau d'une rivière enlacés dans une barque, font l'amour sous des draps blancs et chastes ou se glissent lovés dans la même baignoire.
Jamais dans un film d'auteur qui prétend proposer un point de vue moral sur sur une classe sociale, on ne poussa si loin le goût de la romance et l'esthétique de la passion soudaine, irrésistible.





Qui oserait de nos jours écrire des dialogues aussi "crus" que ceux-ci sans faire éclater d'un rire sinistre, les pragmatiques primates hyperséxués de notre génération?

"Mon amour, tu es mon amour... je t'ai toujours connu... oh je t'aime, tu es beau... j'aime ta peau...je voudrais que cette nuit dure toute la vie, mon amour."
...sachant que les protagonistes ne se connaissent que depuis quelques heures à peine.



Mais voilà, c'est justement cela l'amour, cet épanchement lyrique, pulsionnel, incontrôlable qui fait couler des lèvres des paroles de miel et déborde de tous les cadres de nos conventions sociales, morales ou intellectuelles.
Jeanne Moreau et son amant sont sublimes. Et Louis Malle a raison de montrer la nudité et l'évidence d'un amour qui se dit et se fait sans détours.

"Le vrai sacandale c'est la mort" a su chanter la Jeanne.
C'est ausi d'oser aimer avec une telle fulgurance et sans avoir jamais la moindre notion ni du ridicule ni de l'irréparable.

Aucun commentaire: