dimanche 5 juillet 2009

LATINIDAD AL DESNUDO


Marcos Zimmermann est un des photographes argentins les plus réputés pour ses paysages de Patagonie et de Salta en noir et blanc. Le voilà qui s'attaque aux corps de ses compatriotes sud-américains qu'il expose dans leur nudité complète dans son exposition et ouvrage "Desnudos sudamericanos".
Des paysans, pêcheurs, ouvriers, artisans, mecs de la rue se sont prêtés au jeu ( moyennant finance probablement) et ont accepté de poser nus dans leur environnement professionnel ou domestique. Argentine, Uruguay, Pérou, Brésil... les physionomies masculines les plus variées, de tous pays et de tous âges, se dévoilent et s'affichent avec naturel et franchise selon l'esprit du photographe qui cherche à montrer la réalité nue et à faire apparaître à travers la multiplicité de ses "hommes réels " le véritable et unique homme sud-américain qui les synthétise. Un homme marqué par la misère, la lutte, la dignité souvent bafouée...


Sur le plan esthétique les photos sont très réussies et d'un réalisme souvent plus poétique voire exotique-érotique, que réellement politique. Cependant je suis gêné par la charge homoérotique inévitable de certains clichés, non pas en tant que telle, mais parce qu'elle côtoie un propos qui se veut celui d'un portraitiste social et engagé revendiquant la dignité dans la misère et l'exploitation.
N'y a-t-il pas dans toute démarche photographique une dimension de voyeurisme et d'exploitation du modèle qui va à l'encontre du propos universaliste et libérateur du projet de Zimmermann? N'avons-nous pas ici un photographe bourgeois sud-américain très conscient de la manipulation érotique à laquelle il se livre parfois et du vol d'image auquel inévitablement il procède, en train couvrir sa démarche moralement ambigüe de belles intentions politiques? Déshabiller des hommes souvent misérables ( aucun portrait de bourgeois ni de types de la classe moyenne) et les exposer au nom d'une idéologie sociale pour servir sa gloire professionnelle est une attitude se rapprochant aussi de l'exploitation dénoncée au départ. Ethique et audace artistique ne fonctionnent pas toujours ensemble hélas ou du moins pas synchroniquement. Certes tous les grands peintres du passé ont aussi exploité leurs modèles, prostitués pour la plupart et en ont extrait des chefs d'oeuvres. Il faut que le temps passe pour emporter les êtres réels qui tombent sous le regard de l'artiste et les transformer en archétypes ou icones.


Fort heureusement les clichés sont souvent d'une grande beauté tant par la composition directe et frontale que par la force délicate du traitement de la lumière. Les hommes, beaux ou laids, vigoureux ou détruits, nous font face et nous interrogent avec leur histoire, leur fierté et leurs souffrances qui se lisent sur leurs corps directement. On s'incline devant la perfection esthétique du travail photographique mais si on fait la moue face un projet douteux ou en tout cas polémique.



1 commentaire:

Zezé a dit…

Merci beaucoup! pude ver la exposición ;) y también tome fotografías...(aunque esto estaba prohibido, pero que va!) :)