jeudi 30 avril 2009

UNE VOIX QUI S'EN VA, UNE VOIX QUI REVIENT



Je ne peux pas passer sous silence cette voix qui l'a rejoint définitivement. Macha Béranger, oiseau de nuit qui s'est au moins une fois posé sur l'épaule insomniaque de chacun, s'est envolé vers des sphères muettes. Outre le charme irrésistible et envoûtant des ses cordes vocales caressant les ondes nocturnes, c'est aussi le coeur de cette femme qu'il faut saluer ce soir, un coeur en forme d'oreille toujours tendue. Un coeur radiophonique où l'on collait notre oreille à nous comme à un beau coquillage pour y écouter les confidences des naufragés de la nuit. Pour moi la voix de Macha fut l'ensorcellement de mes étés d'adolescent solitaire. Parfois il m'arrivait de la retrouver au hasard des ondes et c'était comme retrouver une marraine lointaine mais toujours penchée sur les berceaux de ceux qui veulent qu'on les écoute. Adieu Macha.




Et bonjour Lhasa, avec son nouvel opus, attendu depuis 6 années, quelle paresseuse celle-là! Enfin vu les premiers extraits disponibles, on sent qu'elle a versé encore la tête la première dans la plus ténébreuse mélancolie. Ses mélodies, hélas uniquement en anglais sur cet album ( et notre Llorona? et notre petite poète de la culpabilité?) semblent être absolument déchirantes et sanglotantes. Tant mieux, on a bien besoin de quelques plaintes cathartiques en ce moment. A découvrir en intégralité plus tard...
Quand la revoir sur scène? et quand à Buenos-Aires elle qui traîne sa roulotte musicale de par le monde? Note d'espoir: elle a enregistré son album dans un hôtel de Montréal, port d'ancrage, qui s'appelle justement "Hotel2tango", signe prémonitoire d'une descente en terre australe? Rêvons...

le site officiel http://www.sendereando.com/

le clip de lancement avec une magnifique animation
http://www.youtube.com/watch?v=bw6_Ea8GHYQ






mercredi 29 avril 2009

ANGES OU DEMONS?

Pour clore le cycle photographique de ces deux mois, un visage oriental, asiatique, péruvien, exotique, un visage de petit tigre, d'ange du baroque colonial, de jeune sultan en hommage à Pierre Loti, ou le visage d'un garçon d'aujourd'hui.
Avec une photographie on voudrait fixer le privilège d'un instant, un instant volé où l'on peut croire à l'illusion du beau, au tremblé d'une émotion qui passe, aux radiations d'une pureté qui oscille entre l'ombre et la lumière. Avec ces images plus que jamais je verse dans la contemplation, la fascination pour les formes du monde, qui une fois dépouillé du vernis sublime dont je le recouvre, me fait horreur et pitié.



mardi 28 avril 2009

LES LIVRES SONT DES ORACLES


Suite à une petite crise d'amour-propre assez ridicule qui a fait resurgir ce que je croyais totalement épuisé en moi: l'ingénuité romantique et l'idéalisation des êtres, je m'empare d'un livre qui traîne près du lit et je l'ouvre à la page juste:


"Notre acharnement à bien faire dans un monde qui n'aime que le mal fait, à chercher un équilibre dans un onde qui veut perdre l'équilibre. Notre entêtement à rester honnêtes dans un monde malhonnête. Notre croyance dans un triomphe de la vérité en fin de compte. Renan dit: "Il se pourrait que la vérité fut triste". "

Jean Cocteau Le passé défini I

Evidement il s'agit de Jean mage et père spirituel depuis l'adolescence. Il suffit de se placer sous l'étoile d'un poète pour que les colères dérisoires se calment. Cette phrase attrapée au hasard du livre ouvert m'a parlé mieux qu'une autre en ce moment où mes repères sur moi et les autres vacillaient. Je range mon amertume et ma rage à l'endroit du monde et je m'entête, je m'acharne encore davantage à suivre ma ligne au milieu de tout ce qui me semble aller de travers.

dimanche 26 avril 2009

D'UNE HEDWIG A L'AUTRE



Surgi de la scène underground new-yorkaise, le show " Hedwig and the angry inch" porté par le performer et auteur John Cameron Mitchell est devenu un film musical culte. De l'Allemagne orientale au fin fond des Etats-Unis l'histoire d'Hedwig est celle d'un jeune garçon "mal opéré" qui essaie d'assumer une identité de chanteuse transgenre post-punk, néo-glam sur des scènes interlopes. Le génie ironique et la versatilité de John Cameron Mitchell avait permis aux spectateurs de survivre à cette vague de trash et de kitsch que charrie le scénario, porté par des chansons très poétiques ou très drôles comme "The origin of love" réinvention émouvante du mythe de l'hermaphrodite chez Platon.

Le clip extrait du film :http://www.youtube.com/watch?v=6UGaJBv6YSM


A Buenos-Aires, le musical est monté dans un club pseudo "bajo fundo " mais réellement "cheto", le Roxy avec en tête d'affiche une ex-recrue de la Star AC argentine, German Tripel qui n'a pas le gabarit d'une travesti chic et glam comme en témoigne l'affiche.





De plus le jeune homme ne semble pas adorer porter une perruque et un corset pendant une heure trente, vu qu'il transmet au public non pas une aura lascive et ambigüe mais plutôt un air de dire" Che, je joue les travelos parce que je suis un vrai pro, mais n'oublie pas que j'chuis macho". Bref qu'il laisse ses talons aiguilles à d'autres interprètes plus chevronnés. Sa belle voix et sa présence scénique sauvent certes un peu l'affaire, mais quand il s'agit de déverser des anecdotes pleines de fiel et d'acidité, le beau German piétine en terrain inconnu... Hélas tout le charme de cette histoire déjantée tient en cela. On aurait préféré une vraie travestie bien destroy et péroxydée pour tenir un pareil rôle, Susana Gimenez par exemple, mais côté voix (aussi!) c'est un désastre.

samedi 25 avril 2009

TROIS VOIX PERDUES


"Mais où sont les belles dames d'antan?"
Dans les années 70 et 80 trois chanteuses ont incarné l'âme douloureuse et révoltée d'une certaine chanson française: Colette Magny, Mama Béa Tekielvski et Catherine Ribeiro. Toutes les trois douées de voix profondes et brisées constituaient une sorte de lignée féminine du Blues national. Les textes qu'elles signaient, parlaient d'idéalisme et de désespoir avec la même rage et étaient tous imprégnés d'un réalisme poétique qui pouvait toucher un large public, comme ce fut le cas avec le cultissime "Melocoton" de Magny. Une chanson naïve et bouleversante, écrite avec trois mots deux notes, (c'est nécessaire et suffisant pour une grande chanson) que le vibrato de Colette rend inoubliable.




Etoiles filantes et vite consummées, leurs trajectoires entre ombres et lumières témoignent aussi de la difficulté à chanter sa vérité dans un monde aussi frelaté que le show-biz. Mais aussi comment rester fidèle à un art aussi vulnérable que celui qui repose dans la voix de femmes malmenées par l'existence ou qui, c'est hélas probablement plus juste, ont malmené leur vie et leur carrière? C'est égal, car ce qui fait figure d'échec aux yeux du grand public, les pare en vérité de l' aura sombre de "celles qui avaient tout pour devenir des grandes" et qui sont demeurées des "passantes considérables" dans une bohème et une perdition toutes aussi rimbaldiennes que leur lyrisme exacerbé.
Ma découverte de Catherine Ribeiro et de son groupe Alpes remonte au début des années 90 quand la grande dame piquait des crises de folie avec les reporters de Paris-Match qui en faisaient trois pages à sensation dans le magazine. Qu'importe cette folie si cette folie se chante sur des titres comme "Elles" ou "Le manque". Le dernier concert de Ribeiro date de 2007 à Palaiseau comme on le voit dans le lien suivant où la grande Catherine n'a rien perdu de sa grâce inquiéte et torturée.




Avec Mama Béa Tekielsvki,( qui fait ici la une d'un magazine spécialisé au-dessus des grands Ferré et Regianni, ce n'est pas peu dire!) me reviennent des souvenirs de mon enfance à Avignon, dont cette anti-Mireille Matthieu est originaire. Mon père avait croisé les deux ( séparement!) dans sa jeunesse, la diva des bas-fonds avait été la meilleure amie de ma prof de théâtre et j'avais eu l'idée folle d'organiser leurs retrouvailles à la faveur de la première de notre spectacle scolaire! Je n'avais trouvé rien de mieux que d'écrire à Mama Béa pour lui demander d'apparaître en invitée surprise avec un bouquet de fleurs pour notre prof à la fin de la représentation. Après avoir reçu un coup de fil de la chanteuse en plein repas de famille, celle-ci préféra organiser une rencontre après son récital au festival Off d'Avignon. J'eus ainsi le plaisir de manger indien avec l'auteure de "les pissenlits" et de "Visages" deux bijoux que je vous propose d'écouter sur Youtube.




Plus d'infos sur le site officiel: http://www.mamabea.fr/accueil.html

C'est navrant que de pareilles artistes disparaissent de notre horizon musical et que tout soit dominé par le règne des paillettes et de la féminité factice (Zazie, Olivia Ruiz, Rose, Clarika et tutte quante). Les femmes aux voix de bébés, Ok jusqu'à 20 ans... mais ce qu'on attend vraiment c'est d'entendre les hurlements de vraies sorcières qui savent ce que c'est que d'enchanter.

mercredi 22 avril 2009

EN VOTRE GRAVITE, VISAGES


Le titre de ce post est aussi celui d'un livre de la photographe Thérèse le Prat qui consacra son art à immortaliser de magnifiques visages d'acteurs, de la glorieuse époque du TNP de Vilar ou encore de la compagnie de Barrault. Ce livre dont la couverture est ornée d'un visage maquillé en noir et blanc a "charmé" mon attention dans la vitrine d'un bouquiniste du vieux quartier de Palermo. Fasciné par l'aventure du théâtre populaire des années 50 (avignonnais oblige!) et par l'art du maquillage qui transfigure les visages, je me devais d'emporter ce livre de photographies (une de mes passions) qui certainement attendait que je l'adopte, à Buenos-Aires.




Mais il fallait encore un hommage en image et je me le suis permis, tout en étant très infidèle au modèle original, avec le jeune acteur et mime Damian. Thérèse le Prat est loin, mais trahir ses idoles est aussi un moyen de les honorer.
Cliquez sur le lien suivant pour voir les photos: http://www.saintsebastien.blogspot.com/
Le Prat avait le talent d'accompagner ses photographies, déjà si éloquentes en elles-mêmes, de textes poétiques dont je livre ici un extrait:
"Mes VISAGES
en votre gravité
certains d'entre vous
sont désarroi,
inquiétude,
bouleversante surprise
en face de cette énigme
la vie"

dimanche 19 avril 2009

ENTRE LES MURS



C'est tardivement que je découvre dans la même semaine le livre de Begaudeau et le film du même nom de Laurent Cantet. Je voyais d'un oeil soupçonneux arriver jusqu'à moi, en Argentine, la vague d' enthousiasme et de critiques soulevée par les deux oeuvres.


Le livre m'a séduit tout d'abord par sa retenue, sa composition répétitive qui traduit bien l'usure produite par le système scolaire, le choix de ses échanges "oraux" transcrits avec perspicacité. Que penser du narrateur? est-il un désabusé incompétent, un résistant non purgé d'idéalisme, un type qui essaie simplement de faire face et qui y réussit ou pas? Un petit tour sur le net suffit pour se rendre compte de l'animosité que soulève le personnage Bégaudeau, qualifié d'opportuniste, de fossoyeur rusé qui s'érige aujourd'hui en écrivain-acteur de prestige trempant dans toutes les sauces médiatiques... peu m'importe. Le livre me paraît une excellente radiographie de notre école et de notre société malade et chaque spécialiste peut y aller de son diagnostic. Le mal est là, et il y a depuis longtemps quelque chose de pourri au royaume de l'éducation nationale.




Le film quant à lui, est très habilement réalisé par un Cantet expert en direction de (non-)acteurs et en analyste précis des problématiques sociales et culturelles. Le film est un bel outil pour la réflexion, la polémique, le débat. En tant qu'enseignant il me semble "valable", tout simplement valable dans sa qualité de témoignage "particulier" et sans prétention à dogmatiser, juger, célébrer ou condamner. Valable aussi en tant que spectateur, car sur le plan cinématographique c'est un film qui captive et qui use de subterfuges de scénario et de dialogues d'une grande finesse et efficacité. Enfin émotionnellement, c'est un grand film qui nous fait partager des situations psychologiquement fortes et voire insoutenables, un film qui nous traverse par son (in)humanité. Après tout Cantet et Bégaudeau nous parlent de notre école, lieu par lequel nous sommes tous passés et sur lequel nous avons tous quelque chose à dire (même de non valable!) pour le moment présent et à venir.
Bouleversantes, certaines séquences finales: celle de la "pétasse" qui prétend lire Platon et fait l'éloge de ce Socrate qui vient questionner les gens et les perturber ( certes Bégaudeau se tricote un auto-éloge de première main!), bouleversante la mama africaine pleine de honte et de noblesse lors du renvoi de son fils, bouleversante la dernière élève à sortir pour confesser au prof épuisé que "cette année [elle] n'a rien appris, qu'elle n'a rien compris"...
Et nous qu'avons-nous compris?

samedi 11 avril 2009

QUELQUE CHOSE DE TENNESSEE


"Ce rêve en nous c'était son cri à lui", comme dirait Johnny! (ou référence plus sûre, Michel Berger). Alors qu' à Hollywood on "Trumancapotise" de tous côtés, je réaffirme ici en images la supériorité du vieux crocodile sudiste tant sur le plan théâtral que des nouvelles ou romans. Williams a tout dit de la fêlure et de la décomposition qui guettent les bonnes sociétés puritaines. Il a fait se craqueler le vil vernis de l'hypocrisie pour qu'apparaissent les nerfs, le sang, les organes de l'âme.

Pour évoquer la mémoire de ce grand poète américain il fallait un visage juvénile et passionné sorti des faubourgs de Buenos-Aires. Le voici:





Il porte les prénoms de certains personnages de Tennessee, tous intenses, séduisants et promis à la perte. Jeu de pistes: retrouvez les références pour chaque photo .... et il y a même un intrus!

mardi 7 avril 2009

LE PARADOXE DE MARGUERITE


Pour les amateurs, dans les liens qui suivent, une entrevue rare de Marguerite Yourcenar en trois étapes intitulée "Le paradoxe de l'écrivain". Pour le plaisir d'écouter la voix noble et élégante de la dame du Maine avec "attention". Une leçon de littérature et de vie.




lundi 6 avril 2009

LA MORT A VENISE


"Seuls ceux qui sont voués à une éternelle bohème trouveront fade et souriront de voir un beau talent échapper au libertinage, passer de la chrysalide à l'être accompli, ne plus consentir au laisser-aller de l'esprit, estimer la tenue, la trouver expressive, s'enfermer dans une aristocratique solitude et y livrer sans secours le douloureux, le farouche combat."
Thomas Mann

samedi 4 avril 2009

ICONOGRAPHIE ROMANTIQUE


Quand l'actrice française la plus romantique du 20ème siècle rencontre le roman emblématique de la génération de 1830, on est en droit de s'attendre à un choc des titans. Rien de cela avec l'adaptation cinéma de "Adolphe"que Benoit Jacquot réalisa en 2004 avec Isabelle Adjani dans le rôle de Ellénore. Qui mieux que celle qui donna son visage inaltérable et sa voix déchirée à des héroïnes comme Adèle H ou Camille Claudel, pouvait habiter cette oeuvre consacrée à la passion sans issue, au sacrifice amoureux voué à l'échec et à la mort?




Sur ce plan Adjani s'impose avec l'éclat de son visage lunaire et de sa grâce aristocratique. Certes à 50 ans incarner une jeune femme de 30 relève de l'inconscience ou du miracle chirurgical, et Isabelle répond au deux avec génie. Si la sculpture de soi est une attitude romantique, Adjani en perfectionne l'art jusque dans ses traits. Jamais on n'avait vu depuis Garbo ou Dietrich pareil visage de statue. A cela, elle joint un talent d'interprétation que personne ne lui a jamais nié. Elle est la femme sublime, brisée, la figure passionnée et errante de l'amour fou, la muse mélancolique et un peu toquée sortie du rêve d'un Baudelaire. Qui reprocherait à une actrice d'être au bord de la ligne de la déraison quand précisement il s'agit dans cet office de l'interprétation, de s'alièner avec génie et transgresser les limites qui vous séparent d'un personnage. Adjani abolit ces frontières entre elle, dont l'existence regorge par elle-même de substance romantique ( mystère, beauté, décadence et intensité dans le don de soi) et les rôles qu'elle habite, ou mieux qu'elle hante.
Dans ce film de Jacquot aussi froid et lisse que les neiges de Pologne où l'action s'achève ( où est la flamme ardente des enfants du siècle?) Adjani est la seule qui captive et s'embrase progressivement pour atteindre des incandescences dans lesquelles on l'attend toujours et où elle fascine.


Cette silhouette de femme trahie qui erre dans des paysages glacées, qui trébuche sur des pavés gelés avec dans les yeux hagards ce miroitement de la souffrance amoureuse, c'est la poésie du 19ème siècle dans son essence même. Evidemment aujourd'hui ça fait sourire. Mais avec le temps toutes les passions ne semblent-elles pas définitivement risibles. Reste à savoir...




On oublie pas le joli Stanislas Merhar qui fait de son mieux à côté du monstre...

Insolite, la bande annonce pour le japon!

http://www.youtube.com/watch?v=d4FcTTIaKqI

vendredi 3 avril 2009

LA GLANEUSE DE LUMIERE


Buenos-Aires, vendredi 13H, salle comble de 500 personnes pour voir un film sur un petite vieille française qui raconte sa vie? On comprend mieux quand on sait que la vieille dame en question se nomme Agnès Varda et que ce film qui fait courir les cinéphiles du festival BAFICI est une autobiographie-puzzle sur sa belle vie de femme qui glane et tisse des images.

"Les plages d'Agnès" est un pur enchantement. Tout y est poésie, invention, finesse, sincérité. Elle est là sur ses plages de Belgique, Sète ou Noirmoutiers où elle a marché sa vie, à reculons dans le film, et elle installe pour nous des miroirs dans le sable où se reflètent les étapes d'une vie consacrée aux autres, à les regarder, à les aimer, à les aider. La jeunesse de cette éternelle adolescente de 80 ans, fleurit dans chaque parole, chaque vision qu'elle nous propose, avec cet art naïf du bricolage, cet artisanat de l'amateure subtile qui est une vraie leçon pour tous les jeunes artistes contemporains. Avec Agnès tout déborde de vie, de couleurs, de sens et d'émotions. La pensée est sans cesse en mouvement, entre présent et passé, art et existence, soi et le monde et toujours avec ce regard mélancolique et décalé, cette folie douce qui raisonne durement.

C'est un bonheur de l'accompagner à rebours dans cet itinéraire si humain et si prestigieux quand on réfléchit aux artistes qu'elle a croisés: Jean Vilar pour lequel elle immortalisa l'aventure légendaire du TNP en Avignon, Calder auquel elle emprunta cet art de la légèreté, tous ces acteurs avec lesquels elle débuta, Depardieu, Bonnaire, Corinne Marchand, Piccoli... et surtout les équipes de cinéma, script, techniciens, décorateurs, tous filmés avec affection et respect pour ne pas oublier que le cinéma est une affaire de famille.

La famille, grande idée du film, concept large et éclaté, réalité généreuse et chaleureuse comme un grand patchwork. Parents disparus réssucités ou réinventés par l'art quand la mémoire s'éparpille, enfants naturels ou reconnus qui sont comme ces filets que l'on "maille" à la Pointe-Courte, titre du premier film d'Agnès sur les marins de Sète.




Et puis l'amour, du cinéma bien sûr, mais surtout de la vie, et d'un homme de sa vie et du cinéma réunis, Jacques Demy, fantôme lunaire et lumineux qui hante le coeur de ce film -testament ( d'Orphée ou d'Eurydice?). Si tout poème est une déclaration d'amour à quelqu'un ou à quelque chose, ce film est un doux "Mur mure" à l'enchanteur, une lamentation dans un sourire sur le regret de n'avoir pas pu vieillir et filmer ensemble. La "révélation" pudique du mal qui emporta le discret Demy, est aussi un manifeste pour la préservation de soi et la tolérance de ceux qui souffrent. Un secret de famille qu'il fallait laisser courir sur un grande plage au soleil et qui libère, avec des larmes et des sourires, comme le cinéma d'Agnès.


la bande annonce:




jeudi 2 avril 2009

CHOSES VUES UN JOUR FERIE DE PLUIE DANS UN PAYS EN DEUIL NATIONAL




Agustin Lazo "El hombre del las manos" MALBA expo Mexico 20ème siècle






Frida Kalho "Los frutos de la tierra" Malba Expo Mexico 20ème siècle







Manuel Alvarez Bravo, photographe mexicain, MALBA


Défilé de granaderos, cimetière de Recoleta, funérailles du président Raul Alfonsin