samedi 29 novembre 2008

ACTARUS OU L'ART DE LA METAMORPHOSE


Qui n'a jamais connu l'ennui d'une seule peau? Comment supporter la répétition exténuante d'une seule identité, d'un moi monolythique? A cette question la figure d'Actarus dans Goldorak sut m' apporter une réponse avant mes dix ans. Ce personnage originaire d'une autre planète, naufragé sur la terre et tourmenté par un exil galactique, a su néanmoins transcender ses peines dans la révolte contre ses ennemis ancestraux des forces de Vega et l'engagement à sauver la planète bleue. Ce jeune homme mélancolique, retranché dans ses secrets, sa double vie inavouable, marqué par son impossibilité à aimer vraiment Venusia la petite terrienne et protégeant toujours son jeune ami le caractériel et impulsif Alcor, avait tout pour séduire. Taciturne, solitaire, jaillissant d'une cascade ou contemplant un crépuscule depuis la cabine de son robot spatial, il incarne le déraciné et le justicier, "plus fort que les anges de la mort". Un hommage s'imposait donc dans ce blog!






Le moment le plus jouissif dans "Goldorak" était pour moi celui où Actarus appelé par sa mission disparaissait, s'escamotait dans des tuyaux et et corridors secrets ( métaphores évidentes d'un accouchement de lui-même en super héros) pour bondir dans un rayonnement laser le revêtissant de son uniforme de pilote en rouge et noir. Au cri de "Métamorphose" le garçon qui murmurait à l'oreille des chevaux du ranch devenait un conquérant flamboyant et sidéral.
http://www.youtube.com/watch?v=mAfOf3xaZoM&feature=related


L'introversion du jeune homme se muait en gravité et pouvoir de décision, son regard que couvrait dans le générique la fleur de lys, exprimait désormais la résolution la plus inébranlable. L'homme devenait machine de guerre salvatrice et Goldorak n'était que l'extension mécanique et robotique géante du coeur noble d'Actarus.
Aurions-nous au fond de nous ce même pouvoir de métamorphoser nos silences et nos mystères pour en faire des armes de dissuasion massives? Quelle transfiguration nous confèrerait la puissance de croire en nos missions sur cette terre et la volonté d'en finir avec tous les Golgoths enfantés par nos peurs, nos démissions, nos échecs?
Qui saura nous enseigner l'art de la métamorphose comme Actarus en a le secret?








Saint-Rétroviseur (2) les génériques de début et fin de Goldorak

(Mais serait-ce Eric Morena qui chante? O mon bateau??? mais non voyons c'est Enrique! ah ouf!)

http://www.youtube.com/watch?v=UtcUzslVKkc&feature=relatedhttp://www.youtube.com/watch?v=1DYfWoonoPY

LA DESDICHADA


Qui est la Desdichada? L'héroïne d'un cuento du mexicain Carlos Fuentes mettant en scène deux amis étudiants de la bohème des années 3O. L'un d'eux s'éprend d'un mannequin de bois entrevu dans une vitrine, que l'autre récupère et installe dans leur appartement. Un étrange ménage à trois s'installe alors et on ne sait rapidemment plus dans quel ordre circulent les désirs. L'amitié, la littérature ( référence permanente au poème de Nerval El desdichado et à ses contes oniriques et mystiques), la peinture du Mexico interlope et des égarements de la jeunesse constituent l'intérêt de ce récit faisant alterner les voix des deux narrateurs-amis. Tout l'esprit poétisant, surréaliste, transgressif de cette jeunesse à l'abandon se cristallise sur la Desdichada, mannequin- vivant, femme-objet dominatrice, putain de bois, vierge sensuelle et pieta qui finit par symboliser toutes les facettes de l'âme mexicaine. On sent que Fuentes a pris plaisir à restituer les fantasmes et les turpitudes de sa propre jeunesse avec un regard nostalgique sur une époque glorieuse et pittoresquement rendue. Le conte n'en demeure pour autant pas moins subversif et original : il laisse deviner tous les flottements du désir juvénile, confondant le songe et le réél, le féminin et l'androgyne, l'amour et la fixation pathologique. La Desdichada (celle qui ne dit pas ou qui n'est pas dite et par extension la maudite, l'infortunée) est le prétexte à une réflexion sur l'âge lyrique, celui de la jeunesse qui se rêve en poète et se sent maudite elle aussi, celle qui cherche à se dire et à s'écrire dans les livres. "Desdichada fais confiance au poète, laisse-moi te dire, dis en moi, dis par moi, dis pour moi et en échange de ta voix, je te jure fidélité éternelle."



jeudi 27 novembre 2008

GUERRE ET SEDUCTION ( CONTE DE PRINTEMPS)



Deux amies francophones, l'une vivant à Rio de Janeiro, l'autre à Buenos-Aires, sirotent un jus de framboise à la terrasse du Garage, le restaurant du musée de la Mode de Santiago du Chile. Elles viennent d'admirer les robes de Marylin Monroe, les uniformes militaires de Dietrich, la combinaison de satin de Rita Hayworth. Elles parlent d'amour et de désir en picorant leur tartare de crevettes. Derrière leurs larges lunettes teintées, la vie semble un perpétuel défilé de clairs-obscurs, d'ombres moirées, de soies scintillantes et lézardées sur les coutures. Toute leur existence tiendrait dans une vitrine du musée ou dans un poudrier de nacre que l'une d'elles aurait absurdement confié à un aviateur américain. Celui-ci l' aurait emporté au creux de sa jackett en agneau retourné avant de bombarder Hiroshima, mon amour. L'une d'elles, le regard perdu au loin vers les écrans plasma où chantent les madonnes s'interrogent soudain sur le sens de la beauté. Sa question flotte dans l'air comme un parfum ancien qu'on aurait retiré de la vente et dont quelques fanatiques éplorées garderaient la nostalgie éternelle... "Qu'est-ce que la beauté à la surface et dans le fond?" Alors que les glaçons sanguinolents tintinnabulent au fond des verres... son amie hasarde une réponse en forme d'interrogation: "Ne serait-ce pas la contemplation de l'éternel dans le mouvement même du temps?" Sa voisine s'émeut et laisse s'envoler la phrase comme un oiseau de paradis fauve effarouché par la brise. "Il est temps de prendre rendez-vous chez ce coiffeur du Salon BLUE. Ce soir nous descendrons au fond des caves obscures où des gigolos péruviens font éclater des globes entres leurs cuisses nues."

samedi 22 novembre 2008

SAINT-RETROVISEUR

"Aujourd'hui c'est Saint-Rétroviseur, alors bonne fête à tous les rétroviseurs!" C'est avec ces paroles de Groucha de la géniale et absurde série de Topor TELECHAT que j'ouvre un cycle nostalgique sur mes références des années quatre-vingt qui sont probablement les mêmes que celles de tous les trentenaires finissant comme moi. La nostalgie de l'enfance télévisuelle que fut la nôtre se porte bien dans les blogs, et cette tendance m'inquiète un peu et me semble un peu régressive. Mais je m'accorderai ce guilty pleasure de commenter quelques images et signaler l'influence insolite que certaines figures enfantines et pas si innocentes eurent sur la construction de ma petite personnalité et comment elles posèrent des jalons hautement connotés de mes passions et penchants futurs, dont je ne me suis fort heureusement pas encore guéri! Téléchat donc pour ouvrir le bal de la mémoire cathodique et saluez la superbe Lola, autruche potiche du show journalistique qui faisait parler les objets et leur âme, le gluon. Le gluon de Lola était celui du trou où elle enfonçait sa tête super maquillée en criant un "QUOAAAA??" inimitable chaque fois qu'elle empruntait de faux airs scandalisés! Oui le gluon du trou n'a cessé de me tenir compagnie chaque fois que j'imitais Lola l'autruche! Le générique jazzy-bluesy de Téléchat est un défi aux programateurs d'émissions enfantines qui pondent toujours des BO saturées de synthéthiseurs hystériques. Je ne connaissais rien de plus mélancolique avec celui de Watoo watoo.
Un épisode nostalgique de TELECHAT sur un site de référence
http://www.fandesannees80.com/rubriques/emissions_tv/1.html



Puisqu'il est question de Watoo Watoo, je dois déclarer ici que ces sortes d'oiseaux amphibiques qui se multiplient et sauvent les bons zwaas de leur bêtise universelle constiutent un des chefs d'oeuvre de l'art naïf du dessin animé. Leur sifflement aigu modulé sur quelques notes , cri de rappel et d'alerte, est une mélodie de la mémoire imparable qui provoquerait des larmes! Et le générique de fin à la guitare andalouse avec cette huître qui se referme sur l'oiseau envolé au fonds des mers est d'une poésie naïve que seuls se permettaient les créateurs de dessins animés de cette époque et qui finalement nourrissait le jeune public d'un sens de l'esthétique fait d'onirisme et de tendresse.
A suivre sur ce lien un épisode où il est question de musicalité du reste!
http://www.fandesannees80.com/rubriques/wattoo_wattoo/1.html


Pour ce qui est des génériques larmoyants et lyriques je ne connais pas mieux que celui final de Candy. Alors que défilent des images d'une Candy princesse dans des décors baroques et viscontiens avec fleurs envolées, clairs-obscurs au bord des lacs, une chanteuse style Marie Myriam se lamente sur une mélodie japonisante avec des paroles dignes d'une élégie romantique populaire:

"On est moins triste dans la vie
On est moins solitaire
Quand dans son coeur on a trouvé
Un secret pour rêver.
Oublie tous tes petits chagrins
Ils reviendront dés demain
Les rêves sont courts la nuit tombe
Et dans l'ombre quelqu'un t'appelle..."

Rajoutez à cela la tristesse que l'épisode soit fini et vous avez tous les ingrédients d'un début de dépression enfantine, la première de votre vie, bien d'autres suivront sans les paroles consolantes du prince de la colline et de Candy"



Préparez vos mouchoirs, générique promis:
http://www.dailymotion.com/relevance/search/candy%2Bg%25C3%25A9n%25C3%25A9rique/video/x2cy4x_au-pays-de-candy-generique-de-fin_family

Mais assez de pleurnicheries nostalgiques car Candy c'est aussi l'héroïne de la joie de vivre et de la combativité. Espiègle, coquine, mutine, insolente, un peu peste aussi, gaffeuse et spontanée, cette minette et son influence expliquerait mieux qu'un psy toutes nos gamineries, celles-là mêmes que nous réitérons sans scrupules à l'approche des 40 ans. C'est la faute à Candy si nous faisons preuve " d'un peu d'astuce, d'espièglerie!" dans les moments qui réclameraient une maturité plus sérieuse .( je ne peux jamais utiliser le mot espièglerie, sans penser à la blondinette)




Le générique originel et surtout pas celui chanté par Dorothée (cadeau des dieux?)http://www.dailymotion.com/relevance/search/candy%2Bg%25C3%25A9n%25C3%25A9rique/video/xk67_candy-generique

NB: N'y a t-il pas un peu, beaucoup de Carrie Bradshaw dans ce défilé d'images de générique? Candy comme ancêtre de l'héroïne de Sex and the city? Candy/Carrie en tutu, éclaboussée par un bus mais gardant le sourire? Une thèse est à écrire sur le thème! A d'autres!




vendredi 21 novembre 2008

LES VRAIES COULEURS DE CYNDI


Je sors du concert de Cyndi Lauper au Luna Park de Buenos-Aires, impressions à chaud.
Cela doit faire 20 ans que je ne suis pas allé à un concert de rock/pop où l'on danse debout pendant deux heures!Pas de nostalgie! La salle est immonde genre hall de boxing américain avec aucune proximité avec la scène sauf pour les VIP des premiers rangs au centre. Côté show c'est une production plutôt minimaliste, pour ne pas dire pauvre du genre de celle qu'on exporte dans des pays du sud: lumières basiques, aucun écran aucun décor ou effets spéciaux, pas de changements de tenue ni danseurs!! Enfin tant mieux on a pu se dédier entièrement à Cyndi Lauper qui à elle seule fait tout le spectacle et assure le show! Une énergie totale du début à la fin comme à ses débuts avec bains de foule à répétitions, notes criées, courses des deux côtés de la scène!!

Cette petite grande femme a toujours cette personnalité so american girl, avec ce côté middle west un peu cheap, ou chanteuse punkette un peu garce sortant de son mobil home pour faire un barbecue. De plus on retrouve chez elle, l'insolence canaille et brillante d'une Mae West, les yeux fatigués d'une Bette Davis peroxydée, la grâce meurtrie d'une Billie Hollyday blanche dans certains sussurements de sa voix traînante...( Ecoutez son album de reprises de vieux standards du jazz comme At last, les covers sont d'un niveau stupéfiant!).Grâce à cela, on ne voit qu'elle, sa peau diaphane, sa coupe platine, sa longue robe smoking ouverte sur ses bas noirs coupés à la cheville et ses pieds nus pour faire des bonds de folle dingue style "just wanna have fun!". Elle a vraiment cet air de petite peste psychédélique vieillie en mama destroy qui couve son public de gays en quarantaine ( qui font tourner son bizness). Tous ses vieux hits chauffent la salle, on se croirait dans un club soirée revival eigthies, avec les cellulaires qui photographient et filment en permanence.

Bon, mais le plus important de la soiréee et ce qui vaut vraiment le déplacement, c'est la voix de Miss Lauper, une voix reconnaissable entre toutes, dont elle use à merveille et qui a gardé toute sa coloration ( décoloration!), son timbre éraillé et nasillard, sa puissance dans les aigus, sa douceur dans les murmures, une voix impeccablement maîtrisée et qui fait qu'on se demande pourquoi elle s'est tue pendant 15 ans? L'essentiel était ce soir de fêter cette épiphanie et de bring back Cyndi sur le devant de la scène. "True colors" reste un titre emblématique de la lutte pour l'acceptation de soi et des autres. Elle l'a chanté magnifiquement, seule à la fin du concert, avec une sorte de petite harpe celtique et la femme, et l'artiste, a pu vraiment déployer ses ailes colorées like a rainbow...

le clip TRUE COLORS








UN VISAGE OUBLIE

Je me souviens de Pierre Clémenti, cet acteur-réalisateur des années 60 et 70, jeune premier romantique et écorché vif venu battre des ailes dans les lumières des projecteurs d'un cinéma indépendant. (C'est le réceptionniste d'un hôtel de Cordoba croisé lors de mes dernières vacances et qui lui ressemblait étrangément qui a réveillé en moi le souvenir de ce comédien hors normes!) Clémenti eut une carrière en Italie, très prestigieuse, il tourna avec tous les grands dont Pasolini qui en fit le protagoniste de Porcile, un de ses films qui me plaît le moins sur une bizarre histoire d'hommes transformés en cochon à laquelle je n'ai rien compris! Or on voit bien que le Clémenti n'a rien à voir avec le cochon mais plutôt avec un genre de félin à la fois tendre et redoutable, en tout cas irrésistible. La caméra ne s'y est pas trompée!

Son visage de héros romantique m'est d'abord apparu dans Benjamin ou les mémoires d'un puceau, film libertin de Michel Deville qui marqua mon souvenir d'enfant d'une aura de sensualité très 18ème siècle. Plus tard j'appris à subir le charme de cet acteur au magnétisme inquiètant dans Belle du jour de Buñuel en client pervers d'une Deneuve immaculée même dans la prostitution.



Extrait de Belle du jour de Luis Buñuel
http://www.youtube.com/watch?v=XKIIeobc2Cg




Je découvre dernièrement qu'il a son petit rôle dans Le Guépard de Visconti (voir article). Son nom a toujours suscité une curiosité trouble chez moi... Quel était ce Pierrot lunaire et décadent, ce Lorenzaccio moderne frayant avec tous les extrêmes, au bord de la folie, rôdeur de zones troubles, ange de l'underground et enfin poète cinéaste qu'il me reste à découvrir. Je l'ai vu dans très peu d'oeuvres, je ne sais rien de lui, mais il m'intrigue et m'inquiète, ce qui est la qualité majeure attendue d'un artiste en somme.



Je me souviens de Pierre Clémenti, vu sur la scène de l'opéra d'Avignon en 1989, dans la mise en scène que Gérard Gélas fit de "Marat-Sade" de Peter Weir. Il est question des derniers mois de vie du divin Marquis à l'asile de Charenton après la révolution française. Sade y écrit une pièce sur l'assassinat de Marat par Charlotte Cordet et la fait réprésenter par les malades mentaux eux-mêmes, histoire de fous ou folie de l'histoire?

Je revois Pierre Clémenti peu avant sa mort, blafard maigre, nu dans sa baignoire avec un linge blanc noué au-dessus des ses yeux sombres. On disait qu'il avait rendu le travail impossible à la troupe avec ses crises et ses caprices. L'astre était en voie d'extinction, mais comme il avait su briller!



jeudi 20 novembre 2008

JEANNE DE FRANCE


Les grandes amours comme les grandes douleurs sont muettes. Quant il s'agit de Jeanne Moreau il faudrait savoir être maître de son silence car les hommages sont de vains bavardages qui souvent ratent leurs buts. Je me contenterai alors de quelques mots et quelques images permettant de poser quelques jalons à propos de mon attachement à l'actrice, la chanteuse, la femme.

Première émotion avec cette photographie des années soixante récupérée dans un carton de ma tante ( laquelle s'identifie à l'actrice pour son caractère indomptable!)"La célébrité, la publicité, photographiée ou interviewée, mais quel effet cela vous fait?". Cette photo me semble répresenter un certain star system désuet genre studio Harcourt avec ce collier qui brille et ses cheveux laqués. Elle a toujours su nous donner cela aussi ce glamour obligatoire de la vedette de cinéma qui est comme un vernis sur la toile de ses talents de comédienne lesquels cherchent eux par contre à nous donner une idée de la profondeur et du trouble.





Puis c'est à la télé que je la croise à la fin des années 8O quand Henry Chapier la reçoit pour son émission Le Divan où elle fait preuve d'une sincérité et d'une morale libertaire qui me surprennent et me séduisent.Elle est déjà Madame Moreau de la maturité, avec ce visage "détruit" comme dirait son amie Duras, détruit et donc forcément sublime faut-il s'empresser de rajouter! Rides, maquillage et bistouri, rien ne réduit le mystère et le charme de ce visage de sphinx auquel il faut unir cette voix énigmatique de panthère enrouée. Cette coexistence unique d'un visage et d'une voix si extrêmement captivants explique pour beaucoup le charme spécial qui opère quand elle apparaît. Cocteau ne s'était pas trompé qui lui avait confié le rôle de la sphinge dans La machine infernale. Et c'est Fassbinder qui en la transfigurant en cette sorte de mère maquerelle dans Querelle a le mieux exploité ce côté "salope chic sur le retour" qui nous la rend irrésistible (bonjour l'hommage!). Moreau près d'un piano chantant du Oscar Wilde "Each man kills the thing he loves" et mon monde est complet!





A quinze ans je découvre enfin ses talents de chanteuse avec la réédition en CDs de ses nombreux albums. Elle chante Rezvani, Triolet, Norge, extraordinaire poète belge qu'elle divulgue au grand public. Dommage qu'elle n'ait plus voulu chanter après la cinquantaine avec cette voix qu'on lui connaît et qui rayonne comme un crépuscule dans l'envoûtante India song que Duras lui écrivit. C'est un classique certes mais tout ce que cette dame touche se transforme en moment d'anthologie.

http://www.youtube.com/watch?v=w9fLfi9nZmI

Les chansons de Jeanne accompagnent ma vie avec leur légèreté, leurs fêlures, leur poésie naïve et teintée de grâce et d'amertume, leurs rythmes exotiques ou mélancoliques. Ma préférée c'est "Tantôt rouge tantôt bleu". Et aussi "Les ennuis du soleil". Sans oublier " Joana a francesa " de Chico Buarque pour le clin d'oeil perso brésilien. Mais le plus renversant, j'y songe, c'est ce poème de Vinicius de Morais Poema dos olhos da amada qu'elle récite alors que Maria Bethania le chante en portugais. A écouter malgré le kitch floral de la vidéo, les yeux fermés! pour ceux qui ne connaissent pas c'est un cadeau ENORME!

http://www.youtube.com/watch?v=CliOegmOMuc&feature=related






Après Jeanne qui chante je fréquente les ciné clubs et je découvre vraiment l'actrice... et avec elle l'histoire du cinéma. Il suffit de la suivre pour se faire une culture cinématographique de qualité. Malle, Truffaut, Demy, Loosey, Antonioni, Welles, Buñuel... arrêtons la liste à faire pâlir de jalousie les actrices concurrentes. Quelles concurrentes? A suivre quelques affiches sur l'écran noir de mes nuits blanches...





















Et pour le plaisir retrouvons les yeux aimé de la Marie de la Baie des anges, un rôle de platine où en héroïne de Demy elle révèle tout son éclat de cristal brisé et coupant.




Et puis enfin au théâtre je la découvre pour un sortilège dramatique dans une mise en scène de Antoine Vitez au festival d'Avignon de 1989 "La Célestine" de Fernando Rojas. Jeanne en vieille marieuse au visage balafré, sorcière géniale du palais des Papes tissant le fil des amours entre elle et le public. Je ne crois pas pouvoir cueillir dans l'avenir un pareil souvenir de magie théâtrale, d'émotion devant les mystères d'un art qui atteint si difficilement la perfection et devant une de ses prêtresses absolues. Certes j'avais 17 ans et un coeur qui battait à la seule évocation du mot "théâtre". Et la Moreau était le parfait accélérateur atomique de pulsations cardiaques qu'il m'ait été permis d'approcher! Hélas pas d'images de ce souvenir à vous livrer. Fermez les yeux, imaginez... Ou alors songez à ce que dut être cette autre nuit estivale où Jean Vilar la présenta dans cette même cour d'honneur dans Le prince de Hombourg avec Gérard Philippe, pendant masculin parfait.




Enfin il fallait bien un rendez-vous à cet amour silencieux qui se nourrit de salles obscures et de vynils grésillants... Il eut lieu furtivement mais intensément un hiver de 1991 dans une librairie de Montpellier où Jeanne Moreau dédicaçait un CD de textes lus de Yourcenar (autre monstresse!). Je m'y rendis en pèlerin ( à 500 mètres de mon dortoir d'hypokhagneux!) et je m'approchai de la sphinge sexagénaire pour lui déclarer ma passion et repartir avec un regard plongeant sur moi, un remerciement à ma déclaration et un bel autographe! Je confesse avoir guetté le moment de sa sortie, sur la place de la Comédie encore enneigée, c'était la nuit, en face le ciné Gaumont illuminait l'affiche de L'amant dont elle était la narratrice durassienne ( encore elle!) et j'avoue que j'ai suivi la petite dame emmitouflée sur quelques centaines de mètres avant qu'elle ne s'engouffre dans un taxi. Oui, j'étais un adolescent qui suivait clandestinement les vieilles dames qui marchent dans la nuit. Ah comme j'aurais voulu être son Yann Andréa alors!








Aujourd'hui, on rêve de jeanne Moreau comme grand-mère universelle et exclusive! Même si elle déteste ce genre de rôle, celui qu' Ozon osa lui confier dans le magnifique Le temps qu'il reste. On ne sait plus parfois si on rêve d'être à la place de Melvil Poupaud ou celle de Jeanne toutefois... un dilemne que même Corneille n'aurait osé nous soumettre.




En guise de conclusion la promesse d'une autre série sur Jeanne de France et une envie de prendre un bain de jouvence avec elle...




lundi 17 novembre 2008

LA FILLE DU FEU! ( OU LA CONCHA PERDIDA)

Voici un message qui ne rend pas compte d'un récital auquel j'aurais eu la chance d'assister mais hélas d'un que j'ai perdu, par négligence et manque d'information, celui de la révélation espagnole Concha BUIKA. Couronnée de prix et d'un succès populaire elle présentait son dernier album "La niña de fuego" dans une jolie salle de Buenos-Aires, il y a deux mois alors que je savais à peine de qui il s'agissait (Almodovar en parle dithyrambiquement sur son blog à l'occasion d'une reprise par la chanteuse des chansons de ses films avec un orchestre symphonique...cela laisse rêveur et encore plus frustré). Mais les fautes sont réparées car je l'écoute aujourd'hui en boucle et la visionne sur son site http://www.buika.net/ Là on y apprend beaucoup de cette vénus guinéenne née à Mallorca, élévée au jazz et au flamenco du canto de jonda, catapultée à las Vegas comme chanteuse RNB et enfin mise en valeur par le génial Javier Limon (un producteur auquel on doit les lagrimas negras de Cigala, ou la prod d'une autre chanteuse hispano-africaine, La negra laquelle semble être une ébauche méritoire de Buika dans un album éponyme que je recommande aussi).


Pour en revenir à Buika, elle a tout pour séduire un aficionado des voix féminines : un timbre rauque et chargée de soupirs, des mélodies andalousantes et mâtinées de jazz suave, des paroles poétiques entre les coplas, rancheras et boléros. Ajoutons à cela un physique très stylisé avec peau de velours, tatouages cabbalistiques, crinières d'ombres et lumières, et châles transparents... Une émotion passe, immédiate et captivante, dans cette voix où la personnalité , abrasive, incandescente, de la Concha transparaît avec force. "Etre artiste ce n'est pas seulement chanter ou peindre, mais c'est faire de sa vie un art" ou encore "Je suis bisexuelle, triphasique et tridemsionnelle!" voilà des déclarations qui ne peuvent qu'intriguer et susciter la curiosité. Pour ma part je l'ai perdue pour l'unique récital qu'elle donnait dans la ville où je transite... et chaque fois que je viens à l'entendre, le remords plante son drapeau noir dans mon coeur!


Le joli clip de "la falsa moneda" pour s'initier

http://www.youtube.com/watch?v=OuIcWxTPlR4&feature=related

dimanche 16 novembre 2008

LAGARCE EST PARTOUT!



Depuis un an on me rabat les oreilles avec ce dramaturge au nom et au destin digne d'un héros de Jean Genet. L'année Lagarce, Lagarce au programme du bac théâtre, Lagarce à l'international avec le séminaire à Buenos-Aires et Edith mon amie musicienne qui participe au montage de la pièce au Brésil... Lagarce par ci, Lagarce par là! Bon je me renseigne, je vais voir des mises en scènes, Music Hall par et avec Alfredo Arias, intéréssant mais répétitif ( et oui la répétition, reformulation est LE procédé du discours lagarcien!), je visionne le DVD de La cantatrice chauve mise en scène par lui-même avec, je le reconnais, un grand talent et une invention à chaque réplique. Je visite le site officiel où on le présente comme un dieu ou un martyr, ainsi que d'autres sites de théâtre contemporain où l'on est dans une telle famine de dramaturges représentatifs de notre temps q'un homme de talent comme Lagarce, finalement peu reconnu de son vivant, une fois mort précocément du SIDA devient avec Koltés, une figure pratique et opportunément commercialisable. On le présente sur Wikipédia comme l'auteur le plus joué aprés Molière et avant Racine! Oui c'est un gros coup de fièvre! qui passera comme toutes les modes et cela ne pourra que profiter à cette oeuvre sur-médiatisée.




Je sors de la réprésentation de "Juste la fin du monde/ Apenas el fim del mundo" son oeuvre emblématique où un homme ayant quitté depuis longtemps sa famille revient leur annoncer qu'il va mourir. En fait cette annonce n'a jamais lieu sinon à travers de longs monologues du protagoniste. Le reste de la pièce est d'ailleurs quasiment constitué de monologues des autres parents, bonjour la dramatisation!La mise en scène trés statique ne relève pas un texte de facture trés banale, sans intrigue consistante, du moins celle de la révélation annoncée par le personnage double de l'auteur. Je ne veux pas juger de l'oeuvre de l'auteur sur la base déformante et partielle de cette adaptation argentine assez mal servie par un jeu d'acteurs très plat et sans générosité (notamment Daniel Hendler acteur fétiche du cinéaste Burmann qui est d'une raideur et inexpressivité très macho rioplatense, à mille lieues de ce qui me semblait être la touche subversive et la fêlure du héros de Lagarce)... mais enfin le dramaturge en ressort à la fois affaibli et surévalué. Aucune distorsion concrète du discours, aucune originalité dans les procédés scèniques ou folie chez les acteurs (sauf celui jouant le frère, très émotionnel et un rien trop psychodramatique) ! Bref réussir à ennuyer avec un thème pareil que celui du retour du fils prodigue dans une famille, milieu pathogène par excellence, pour annoncer sa mort! voilà qui me semble un échec regrettable. En plus la production de ce spectacle se voulait à la fois underground et dans l'air du temps et tombe finalement dans le prétentieux rasoir, par excés de révérence pour une oeuvre qui devrait être plus artistiquement bousculée, car enfin il semble que ce soit de ces perturbations-là que l'oeuvre de Lagarce prétend se nourir.

le site officiel de LAGARCE http://www.lagarce.net/

Un extrait de la pièce lors du filage http://www.youtube.com/watch?v=nhxB6iabwos

jeudi 13 novembre 2008

POEME POUR UN TIGRE


Traverser un désert tel un livre de sable
Et voir naître à l‘azur des mirages de suie
Vers lesquels on accourt…ô rêves misérables
Qu’un voyageur aveugle en vain trace et essuie

Au cœur d’une cité aux ruines circulaires
Où le vent a sculpté des sphinx rongés d’ennui
J’ai flairé le parfum d’un fauve solitaire
Odeur de cèdre, d’ambre et verts eucalypti

L’animal eut tôt fait de renifler mes peines
Et s’il lécha mes plaies ce fut pour apprécier
Par avance le goût de sel qui dans mes veines
A donné à mon sang la saveur des regrets

Et l’énigme coula de sa lèvre féline
Tandis qu’à mes genoux sa queue se balançait
Je ne pus rien répondre alors on le devine
Le monstre m’infligea ses crocs dans un baiser

Quand le cœur dévoré par les hyènes enfuies
C’est au fond des déserts que les âmes émigrent
Et cherchent à tâtons dans la poudreuse nuit
La liberté qui gît dans la gueule d’un tigre


Tigre dessiné par Borges enfant

mercredi 12 novembre 2008

NOTRE MOITIE D'ORANGE

Alors que son nom me trotte dans la tête depuis pas mal de temps, alors que je découvre la semaine dernière son visage dans un documentaire où au cours d'une émission télé sous Giscard, il se fait appeler "madame" et "dégénéré" par un psychiatre taré, voici que je tombe sur un livre de poche usagé au fond d'une bibliothèque française d'Argentine portant son nom: Jean-Louis Bory. Auteur goncourtisé pour son premier roman "Mon village à l'heure allemande", professeur de Lettres Classiques à Henri IV, critique de cinéma illustre au "Masque et la Plume", militant de gauche et du FHAR, l'homme fut de tous les plaisirs et de tous les combats. Il fut un des rarissimes visages à porter en pleine lumière son désir d'une moitié d'orange masculine alors que la France franchouillarde se gaussait à "La cage aux folles". Il se suicida, effrayé par la décrépitude et anéanti par "une solitude sans intermittences" avant que Badinter ne dépénalise ce qu'il appelait délicieusement "son idée fixe"! Son ouvrage "Ma moitié d'orange" se lit avec curiosité et plaisir. Il connut un grand succès de librairie lors de l'été 72 qui me vit naître et c'est avec tendresse que je le lis aujourd'hui pour y découvrir les traces laissées par un prédécesseur et voir que mon pied y trouve une pointure adéquate... Certes le tout a un peu vieilli, cet essai en forme de monologue libre a un charme suranné surtout dans ses tournures à l'emporte-pièce et dans cette écriture juteuse, gourmande, farcie d'expressions savoureuses et de jeux avec la syntaxe... mais comme la plume alerte, "pressée" et acérée de Bory touche juste! (juste touchante, justement touché! )

Pour le plaisir un florilège d'oranger:
"Je lance mes livres, à la fois sondes et filets, bien le diable si je ne réussis pas à détecter d'autres comme moi."
"Je n'ai pas cessé de rêver à ma moitié d'orange. Non plus âme soeur. Corps frère alors?"
"Nous sommes les pires ennemis de notre liberté. Pas moi. Jamais connu de vrais drames avec moi-même. Il me manque le sens du pêché. C'est plus qu'une chance: une bénédiction."
"Visage. Lumière. Les deux mots que je préfère. L'essentiel pour moi étant de faire coïncider visage et lumière. La lumière, c'est le monde qui se fait vivant. Regard vivant. Peut-être est-ce cela l'amour?"
"Je n'ai pas peur de vieillir, j'ai peur de vieillir mal. J'ai peur que mon idée fixe se prenne à tout gâter comme le vers dans la pomme. J'ai peur que fouetté par la terreur d'une solitude sans intermittences, mon goût de la complicité ne dégénère en complaisance coupable. J'ai peur que ma vieillesse ne soit laide. D'une laideur interne. Que l'usure causée par l'intensité même de ma quête, jointe au tourment d'un isolement définitif - l'île déserte jusqu'à la fin de mon temps- ne me ronge comme une lèpre."
"L'admirable dans le métier de professeur c'est de faire lever le jour dans des visages : j'appartiens à une famille d'éclaireurs de visages."
"Ecrire c'est l'art de faire boîter. Je voudrais que mes livres soient des échardes."
"Ma petite soeur l'Inquiétude, fontainier de nos songes. C 'est elle mon plus sûr espoir. Et vers l'Autre mon plus court chemin."
"Le bonheur existe: équilibre fragile entre une exigence sans cesse rafraîchie et la sagesse, entre l'inquiétude et l'art de vivre."
"Il m'arrive de penser en pessimiste, j'agis toujours en optimiste. Je fais comme si. J'aime la vie."





JEAN-LOUIS BORY

samedi 8 novembre 2008

AZUR ET ASMAR, UN CONTE A DECRYPTER?

Je ne suis pas un grand fanatique de film d'animation, j'ai tort certainement car ils sont souvent de grande qualité et on y trouve une poésie et une liberté qui fait souvent défaut aux films ordinaires. La réalisation de Michel Ocelot "Azur et Asmar" a attiré mon attention de par la beauté plastique de ces images animées digitalement qui malgré une certaine froideur et un hiératisme dans les mouvements parviennent à faire circuler un charme où le médiéval se mêle à l'oriental. Deux enfants élévés par une même magnifique nourrice ( la scène initiale du sein est absolument merveilleuse d'indécence naïve) l'un brun arabe et l'autre blond aux yeux bleus vont vivre une histoire initiatique forte où amour, amitié, et revendications de pouvoir vont constituer la trame de leurs affrontements. Dispute pour la mère ( drame trés oedipien), dispute pour la femme (une fée et sa cousine trés asexuée), du copinage avec un marginal et une princesse enfant, rien de trés masculin jusqu' ici! La fraternité y est vécue sur le mode du conflit permanent pour mieux masquer un désir qui ne saurait dire son nom. L'esthétique hyper raffinée que Ocelot installe avec les paysages floraux, les intérieurs de palais, ryad, patio à mosaïques et azulejos, le faste dans les détails et le baroque des couleurs contribuent à créer une atmosphère onirique d'une sensualité inédite dans un conte pour enfants ( sauf Les mille et une nuits dont on sait ce qu'un Pasolini en a fait en les lisant à la lettre!). Bref l'homoérotisme explose dans le soin apporté à dessiner les deux jeunes protagonistes d'une beauté "assourdissante" tant elle crie son appartenance à l'esthétique gay!


Azur est le prince charmant maltraité, ange déchu, chassé, dominé, passant par les pires épreuves d'une destinée sadique dont il ressort plus glorieux et triomphant. C'est l'ange diaphane roulé dans la boue, le Tadzio viscontien ou le prince final de La belle et la Bête, ou encore un Orphée juvénile descendant aux enfers portant son frère finalement bien aimé sur son dos, le soignant avec ses rubans et lui offrant la femme dont il rêvait dans un ultime éclat d'amour sacrifié.


Asmar le sombre, l'obscur, est le satan adolescent renfrogné et superbe, un rimbaud oriental dont le regard pénétrant et la musculature d'éphèbe sont extrêmement valorisés par le réalisateur. On le croirait parfois sorti d'un film de Cadinot ( en allant chercher trés loin!)... et certaines scènes sont d'une charge érotique flamboyante.

Brefs les deux jolis garçons enfin réconciliés dans une amitié fraternelle et tendre épousent deux fées fadasses et dispensables avant de se retrouver tous les soirs tous les deux au hamman de maman. Quoi ce n'est pas comme cela que le conte finit?

jeudi 6 novembre 2008

L'ODEUR DES FLEURS POURRIES



Avant que Piaf ne condamne les chanteuses françaises à n'être que de vaines répliques, il y a eu Damia. Celle que l’on surnommait « la tragédienne de la chanson » imposa la première le noir comme parure, le halo blafard d'un projecteur comme lieu de survie et les gestes dramatiques comme langage de scène. Ses textes étaient de vrais récits souvent sombres et douloureux mettant en scène des filles perdues, des marins sans coeur et vite engloutis, des amoureuses torturées et suicidaires, bref le casting habituel de la chanson réaliste sur fond de cabaret, bordel, port et quartiers louches... Du Brecht, du Kurt Weil adapté à la rengaine populaire française avec plus de trémolos et de pittoresques. Des tangos, des mazurchas, des fados pour accordéons, javas bleu sombre et musettes éthyliques... tous les genres sont revisités par Damia qui leur contamine sa mélancolie de fin d'aprés-midi d'automne. Parmi ses chefs d'oeuvres "Sombre dimanche" de la pure dépression qui se chante, funèbre et cathartique que Billie Holiday reprit sous le titre "Gloomy Sunday"http://www.youtube.com/watch?v=ET_9N0w5p8s
"L'étranger"http://www.youtube.com/watch?v=XBCFmWmB9YE&feature=related récit d'amour dévastateur qui préfigure point par point "Mon légionnaire" de la môme Edith (la petite voleuse!).


Et puis "Tout fout le camp" hymne nostalgique et réac,"Les goélands" complainte sur les marins morts en mer, "J'ai perdu ma jeunesse" pour les bilans post relation et renoncer définitivement à aimer sur un air de tango français... Damia est la solution parfaite pour un dimanche de pluie suicidaire, à écouter avec un thé d'orties fumant, en regardant le jardin automnal d'où remonte l'odeur des fleurs pourries. "Moi je m'ennuie" chanson célèbre reprise par Dietrich, Prucnal, Lemper est peut-être une introduction désespérément raisonnable pour découvrir l'obscure et fascinante Damia.
http://www.youtube.com/watch?v=jsqO3CYOlcg